Dirt (avec sous-titres français)

Mon travail vidéo est construit en couches.

Pour commencer un nouveau projet, je commence par filmer un texte complètement improvisé, généralement avec deux acteurs. Je développe ma technique d’improvisation depuis 1993. Je m'intéresse à l'improvisation comme moyen de générer du langage directement à partir de la découverte intuitive par un acteur de ce qu'est chaque performance, tandis qu'elle se déroule spontanément. Une expérience subtile et intimement physique entre deux personnes est ainsi transformée en langage audible.

Pour la couche suivante, j'écoute le texte à plusieurs reprises, clarifiant pour moi-même les courants émotionnels sous-jacents et le flux musical qui formaient la structure sous-jacente de la performance spontanée originale. Durant cette phase, je compose une partition musicale pour la vidéo, qui clarifie ce flux pour l’auditeur.
Dans la phase finale, j'écoute encore plus le texte (désormais enrichi d'une partition musicale) et je développe progressivement de nombreuses couches d'images numériques méticuleusement conçues, pour clarifier davantage les fils émotionnels et musicaux qui parcourent l'improvisation. La nature soigneusement construite des images, fonctionne comme une contre-dynamique contre le flux spontané et liquide du matériau improvisé original. Comme un rêve, une improvisation semble en surface pleine de changements volatiles et imprévisibles, mais il s'agit en réalité d'une forme de composition complètement unifiée, dans laquelle, souvent, chaque ligne de texte peut être considérée comme une nouvelle façon de regarder un idée unique et unifiée. Les images et la musique aident ainsi le spectateur à percevoir la formidable unité thématique et émotionnelle qui sous-tend l'apparente variabilité de l’improvisation.