The Mountain

La montagne c’est les seins d’Apollonie, son corps allongé sur
lequel Achille grimpe, c’est l’ascension du Mont Virginité.
La Montagne raconte un moment de détermination. C’est
l’histoire d’un personnage féminin qui décide de sauter le
pas, d’abandonner sa virginité à un homme qu’elle connait à
peine pour se sentir libre. C’est l’histoire d’une femme qui
prend sa sexualité en main, sous ses termes et conditions.
Tout en acceptant certains compromis car l’homme qu’elle à en
face d’elle n’est pas aussi insensible que ce qu’elle avait
imaginé.
L’histoire de La Montagne m’est venue assez simplement, assez
naturellement. Elle s’est imposée à moi en prenant ses
origines dans ma propre histoire et en devenant ensuite
l’occasion pour moi d’aborder des thématiques typiquement
cinématographiques à travers mon prisme, ma vision des choses,
mes envies de mise en scène.
Comme beaucoup, je me suis représentée une image de la
sexualité à travers le cinéma. Mon cerveau s’est nourri de ses
scènes de sexe torride dans lesquelles l’alchimie des corps
est telle que les acteurs paraissent prendre feu. Les corps
qui s’y rencontrent pour la première fois semblent se
connaître depuis des siècles, ils s’emboitent à la perfection
et atteignent le Nirvana après trois caresses. Qu’elle ne fut
pas ma surprise quand, une fois en âge de faire mes propres
expériences sexuelles, je fus confrontée à l’évidence : ces
images n’étaient que la mise en scène de fanstasmes.
C’est dans ce sujet là que réside le propos développé dans La
Montagne. J’ai voulu écrire une scène de première fois qui
corresponde un peu plus à ce que moi et mon entourage avons pu
connaître. Une scène dans laquelle les corps ne sont pas à
l’aise, dans laquelle les gestes et les mots sont maladroits,
dans laquelle la communication verbale est nécessaire, dans

laquelle la jouissance ne prend pas la même forme pour chacun
des personnages.
Cette histoire est aussi l’occasion pour moi de dresser le
portrait d’une jeune femme forte. Le spectateur ne sait pas
grand-chose du personnage d’Apollonie, à part qu’elle est
vierge et ne compte pas le rester. Pour autant, pas besoin de
savoir d’où elle vient, quelle est son histoire, pourquoi elle
en arrive là, pour comprendre que c’est un personnage porté
par sa détermination. Apollonie à décidé de se foutre des
conventions et de se servir d’un cet homme dont on ne sait, et
dont elle ne sait, pas grand-chose non plus. Elle qui s’est
faite une montagne de cette virginité se rend alors compte que
c’est elle la montagne, que c’est elle qu’on doit gravir.
C’est par la présence de la voix-off que ce personnage est
rendu attachant, humain, drôle. Et si cette voix-off prend la
forme de dessin, c’est parce que c’est une expression
artistique à laquelle je suis tout autant attachée que le
cinéma. Je dessine depuis longtemps maintenant et il me tient
à cœur, dans ce premier court-métrage, d’inclure l’image
animée afin de rendre cette histoire aussi personnelle dans
son sujet que dans sa forme.